Forum des Halles… Une vieille histoire qui ne date pas de
d’hier ! En complément de l’article Publié précédemment… Forum
des Halles... La renaissance !
Avant la destruction des pavillons Baltard, au début des
années 1970, les Halles centrales de Paris étaient un village où les
exhalaisons de la viande crue se mêlaient à celles des primeurs. Plusieurs
villages même, comme autant de commerces de bouche, mais pas seulement, chacun
ayant, fidélité professionnelle oblige, son bistro-cantine d’élection. Des
règles familiales unissaient ce petit monde, qui n’hésitait pas à pousser la
romance au moment du café. Cette ode populaire, portée par Emile Zola dans son
roman Le Ventre de Paris (1873), est bien inaudible aujourd’hui… Une Canopée
dans Paris, La Canopée ! Drôle de nom pour cette construction aux lignes
sensuelles, posée tel un vaisseau au milieu des toits de Paris. Les Halles de
Baltard ne sont plus depuis bien longtemps, et le Forum, qui avait pris leur
place, enterré sous cette voile de verre et d'acier. Après cinq ans de travaux,
le cœur de Paris prend donc la forme d'une canopée, du nom de l'écosystème
forestier, constitué par les cimes des arbres. Mais ici, point de végétal !
Une large toiture qui façonne le paysage et filtre les rayons du soleil. De la
nature en pleine jungle urbaine… C'est l'aboutissement d'une longue histoire !
Une vieille histoire...
C'est sans doute 1137 qu'il faut retenir si l'on veut
donner un point de départ à l'histoire des Halles de Paris. Avant, il y a un
marché, très ancien (depuis le cinquième siècle), dit marché Palu, sur l'île de
la Cité et un autre place de Grève (aujourd'hui parvis de l'Hôtel-de-ville). Dans
cette première partie du 12ème siècle qui va marquer le début d'une période de
développement et de croissance économique et démographique de Paris, le roi,
Louis VI décide de créer, pour la première fois, un marché en remplacement des
deux marchés existants. Il le fait pour des raisons de rationalisation et
d'assainissement (les deux marchés existants sont facilement inondés par la
Seine qui n'a pas de berges à l'époque). Il le fait aussi, sans doute pour
commencer à contrôler le commerce et l'échange de marchandises, pour des
questions de taxes.
Un développement économique immédiat…
L'emplacement retenu, les Champeaux ou les petits-champs,
à l'époque aux portes de la ville existante, va devenir pour huit siècles,
celui des Halles de Paris, celui du "ventre de Paris", écrira Zola, à
la rencontre des rues Montmartre, Saint-Denis et Saint-Honoré.
La décision de Louis VI va immédiatement entraîner un développement économique.
Cinquante ans plus tard à peine, en 1183, le roi Philippe-Auguste transfère un
autre marché qu'il a racheté, celui de la foire Saint-Lazare. Et surtout, pour
la première fois, on construit à la place du marché à ciel ouvert, deux
bâtiments en bois, deux pavillons qui vont donner au marché son nom de Halle.
Et Philippe-Auguste fixe les "règles du jeu" du commerce de la
viande, du pain et du vin. Le marché devient très rapidement une vaste zone
commerciale, une sorte de bazar où l'on vend de l'alimentation, du textile, des
chaussures.
Baltard : les Halles triomphantes…
L'essor des Halles est pris. Il ne cessera plus.
Transformations, reconstructions façonneront les Halles, de siècle en siècle,
jusqu'au 19ème siècle de l'architecte Victor Baltard qui construira les 12
pavillons de verre et de fonte, spécialisés par produits : viande, poisson,
etc., parachevant la légende du "ventre de Paris". Si beaucoup de ces
métiers ont aujourd'hui disparu du cœur de la capitale, ils ont façonné notre
mémoire collective.
Pourtant, à partir des années 1950, les Halles sont
montrées du doigt : vieillies, sales, elles engendrent des nuisances
importantes et multiples dit-on. Il faudra une vingtaine d'années à leurs
détracteurs pour les expédier hors les murs, à Rungis en 1969. Fin d'une longue
histoire. Changement d'époque : l'ère de la consommation de masse et de la
grande distribution commence.
Que faire du Trou des Halles…
S'ouvre alors une longue période de polémiques, batailles
enflammées autour de ce que l'opinion publique baptise très vite
"le trou des Halles". 10 années d'un feuilleton dont la trame
est "Que faire, que peut-on faire, que doit on faire des 15 hectares
libérés par le départ des Halles. Que faire du trou béant laissé par leur
démolition ? Chacun a son avis sur la question, le débat est très politique,
politisé même !
A l'heure de la consommation de masse…
Finalement, c'est l'option d'un centre commercial géant
qui l'emporte au milieu des années 1970. L'ère de la grande distribution
s'est ouverte en grand, le bonheur est dans la consommation effrénée, ce sera
donc le "Forum des Halles", sorte de "nec plus ultra" du
commerce, moderne forcément.
Même les architectes sont bousculés dans cette âpre bagarre : alors
que Ricardo Bofill, l'architecte à la mode du moment retenu par le
Président de la République d'alors Valéry Giscard d'Estaing avait commencé la
construction en 1975, c'est finalement Jean Willerval, amené par Jacques
Chirac maire de Paris en 1977, qui finalisera le projet. Le résultat sera,
pendant deux décennies, une certaine réussite sur le plan commercial. Mais un
fiasco sur le plan architectural et humain : l'endroit est totalement
désincarné, sans âme !
Et demain…
Il reste encore beaucoup à faire. Habillées de leur
Canopée, les Halles n'ont trouvé qu'une partie de leur nouvel aspect. D'ici
deux ans, le jardin des Halles, qui offrait déjà au cœur de Paris un écrin de
verdure, va être entièrement refait. La voirie souterraine, la salle d'échanges
du RER, repensés, vont également être réhabilités... Autant de facettes de
cette ville sous la ville, qui n'ont pas encore révélé leur nouveau visage !
"Huit siècles durant, du milieu du 12ème siècle
jusqu'au milieu du 20ème, les Halles de Paris, immense marché central aux
allures gargantuesques, ont animé le centre de Paris. Elles en sont devenues un
monument historique, un personnage même ! Avant d'être englouties dans
l'ère de la grande distribution… "
Éric.L
Source d’inspiration : World Wide Web…
Posté par le P'tit Rapporteur du Magarin