lundi 14 octobre 2024

Le châtaignier… L’arbre de vie de nos campagnes !

« Tant que nous aurons des châtaignes, nous aurons du pain » 

Les promeneurs que nous sommes, n’avons pas pu ne pas remarquer la présence de nombreux châtaigniers lors de nos divers promenade ! Celui-ci fut un élément important de L’histoire de nombreuses communes en France, et historiquement une agriculture vivrière pendant de nombreuses décennies !  

Avec ses longues feuilles dentelées et son écorce brune, le châtaigner est facilement reconnaissable. Élancé, majestueux, cet arbre de la famille des Fagacées peut atteindre 25 à 35 mètres de hauteur et d’une circonférence pouvant atteindre, pour les plus âgés, près de 10 mètres à la base. La floraison intense du châtaignier a lieu au tout début de l’été, elle s’étale sur une quinzaine de jours, laissant flotter dans l’air des effluves puissants. Les fleurs mâles sont regroupées en longs chatons odorants, et les fleurs femelles donnent des châtaignes enfermées dans des bogues. Arbre majestueux, le châtaignier fait partie des plantes mellifères dont les abeilles raffolent ! Au moment de la floraison, vous serez impressionnés par le nombre d’abeilles attirées par le châtaignier, Source de pollen, de nectar et de miellat.
 
Un peu d’histoire…
Bien peu d’arbres ont lié leur destin avec l’homme comme le châtaignier… hormis peut-être l’olivier. Originaire d'Asie Mineure, d'Arménie selon les uns, de Turquie selon d'autres, ou même présent sur notre territoire depuis l'ère tertiaire pour d'autres encore (des pollens de châtaignier ont en effet été trouvés en grande concentration dans les marnes tertiaires de Celleneuve, près de Montpellier). Le châtaignier est décrit pour la première fois au 4ème siècle avant J.C. par Théophraste dans son "Histoire des plantes". Historiquement, l'arbre serait arrivé chez nous via la Grèce et l'Italie dès le 1er siècle après J.C. II y prospère alors en choisissant ses terrains de prédilection en fonction de leur acidité, de leur exposition, de leur altitude (rarement au-dessus de 600-700 mètres) mais surtout en fonction du climat.

Richelieu favorisera le développement en France des châtaigniers qu’on appela les "cardinaux", puis par la suite, la grosse châtaigne "marron de Lyon". Louis XIV en a fait massivement importer cette essence en Ile-de-France, et notamment en Hurepoix, pour lutter contre la famine. L’implantation de cette spécialité parfois éparpillée, parfois regroupée en châtaigneraies  est importante sur notre territoire. Son bois était nécessaire pour de nombreux métiers tel que : Tonnelier, menuisier, charron, charpentier, et même vannier…  Mais aussi et surtout ses fruits qui durant des siècles, ont fréquemment préservé de la famine bien des familles. Les années de vaches maigres, les châtaignes compensaient en grande partie, le manque voire l'absence de céréales. Remplaçant ainsi bien souvent, pour les populations les plus pauvres de notre commune, le pain. Le châtaignier aussi surnommé "le pain du pauvre" a longtemps joué un rôle prépondérant dans l'alimentation humaine. L’hiver où rien ne pousse, les châtaignes nourrissaient hommes et bêtes pendant tout le temps où la nature était morte. La conservation du fruit, à l'état sec, a fait que souvent elle permettait de supporter sans trop de dommage une à deux années de mauvaises récoltes. On a longtemps considéré la châtaigne comme synonyme de pauvreté, du fait que sa consommation correspondait  souvent à une classe sociale particulièrement démunie. Cette considération, est devenue par la suite une affirmation péjorative, Un jugement dépréciatif émis en grande partie par ceux qui n'avaient sûrement pas les mêmes préoccupations de survie que ceux qui les subissaient véritablement !
 
Dans le courant du 19ème siècle, les châtaignes vont toutefois être détrônées par les pommes de terre, sur les tables de nos campagnes. A la fin du 19ème siècle, il restait encore sur notre commune, 95 hectares plantés en châtaigneraies. Le marron glacé connu sur la table des princes du 17ème siècle devient un produit de fête à la fin du 19ème siècle et va contribuer à freiner un peu le déclin de la production. 3 confiseurs industriels vont se créer. Le précurseur est C. Faugier, en 1887, suivi de la maison Sabaton, en 1907, puis de la Société de Marrons glacés d’Aubenas de G. Imbert, vers 1914. Puis à partir du milieu du 20ème siècle dans les années 50, sont arrivés les voitures, les bulldozers, les tracteurs. Il y a eu un changement d’agriculture et de nourriture. Finie l'époque où l'arbre revêtait une importance vitale. Dès lors, les agriculteurs ont négligé son entretien, la châtaigne n’avait aucun intérêt ou très peu. Du coup, cette ressource est tombée en désuétude !
 
A la fois arbre fruitier et arbre forestier, le châtaignier a su être au fil du temps un fidèle compagnon de l’homme, lui apportant une nourriture saine et abondante. Car pendant longtemps, la châtaigne a permis de faire vivre de nombreuses familles. Produire des châtaignes, c’était une volonté d’avoir de la nourriture quasiment sur toute l’année, car on pouvait les conserver et les manger jusqu’en avril. Très répandue sur notre commune en raison de sols acides et sablonneux, cette culture assurait d’abondantes récoltes. Les châtaignes étaient alors vendues sur les marchés des villes proches, où elles étaient encore vendues au début du 20ème siècle, suivant les années, entre 150 et 200 sacs de 120 litres.
 
De nos jours…
Il reste encore beaucoup de châtaigniers dans les divers bois qui parsèment notre commune. De même, la Vallée Maréchal offre encore un impressionnant alignement de châtaigniers. Et surtout, depuis une trentaine d’années, on assiste à un renouveau certain pour ce fruit. Il y a un peu partout en France, comme sur notre commune d’ailleurs, de nombreuses collectivités qui ont compris qu’il y avait une carte à jouer avec la châtaigne. Ainsi des fêtes de la châtaigne, où celle-ci est mise à l’honneur, sont organisées un peu partout en France. À partir de là, il y a eu aussi un intérêt pour les gourmets et tout le monde s’y est mis ! Les liquoristes ont inventé des liqueurs à base de châtaigne, les charcutiers ont mis de la châtaigne dans leurs pâtés, les pâtissiers ont fait des gâteaux à la châtaigne. Il y a eu un engouement général pour ce fruit.
 
En cuisine…
La châtaigne aux propriétés nutritives riches, est un produit très intéressant. On l’utilise aussi bien en été qu’en automne et en hiver. Ce fruit supporte tout, les épices, le sucre, l’alcool… Une excellente alternative aux féculents habituels. Elle se décline sous toutes les formes : en farine de châtaigne, en beurre à la châtaigne, en purée, en sirop, en confiture, en crème, en confiserie… À varier à l’infini selon les goûts et les saisons ! Elle accompagne aussi bien le sucré que le salé. Ainsi des liquoristes, des fabricants de bières, des salaisonniers, des confituriers, des biscuiteries, des boulangeries, des restaurateurs ont bien compris l’intérêt de ce fruit !  
 
 
Le miel de Châtaignier…
Reconnaissable à sa couleur ambrée et sombre, le miel de châtaignier est très recherché pour ses arômes prononcés, des saveurs boisées et une certaine amertume. Monofloral, le miel de Châtaignier reste liquide pendant plusieurs mois.
 
Le saviez-vous ?
- La châtaigne est un fruit comestible du châtaignier, alors que le marron est une graine toxique du marronnier d’Inde. Les deux appartiennent d’ailleurs à des familles différentes, et n’ont donc rien en commun, à part évidemment une forte ressemblance visuelle.
- On appelle également marron, une châtaigne qui répond à certains critères de forme (une châtaigne grosse, ronde, et non cloisonnée).
- Lorsqu’on parle de marron (notamment dans la crème de marron ou dans les marrons glacés), il s’agit en réalité de grosses châtaignes !
- À la fin du 19ème siècle, en France, on produisait 500 000 tonnes de châtaignes. Aujourd’hui on est à 8 à 10 000 tonnes, alors que la consommation est de 20 à 23 000 tonnes.
- De la plantation à la production de châtaignes, 5 à 8 ans sont nécessaire.
- Jusqu’à la seconde guerre mondiale, les vieux troncs de châtaigniers servaient de ruche.
- Pour mesurer l’âge d’un châtaignier, il faut compter le nombre de cernes dans le tronc.
- Le bois de cet arbre est réputé dur et robuste. Il est très utilisé en ébénisterie, en menuiserie ou pour réaliser des charpentes.
- Un producteur de châtaigne est appelé un castanéiculteur.
- Un arbre de belle taille peut produire jusqu’à 60 à 70 kg de châtaignes.
 
"Une richesse qui fait partie de la biodiversité de notre commune, mais aussi un élément important de notre patrimoine. Il est normal et légitime, dans un contexte historique et social, de rendre au châtaignier et à la châtaigne, même s'ils n'ont plus l'importance d'antan, les honneurs auxquels ils ont droit en tant que bienfaiteurs de la Nation. Ce n'est finalement qu'une juste reconnaissance, ne serait-elle simplement que celle du ventre !"

Éric.L
 
Sources : Antoine Augustin Parmentier (1737-1813), Traité de la châtaigne, Monory édit. Paris, 1780.


Le châtaignier.https://ptitrapporteurdumagarin.blogspot.com/
Posté par le p'tit rapporteur du Magarin

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