Plutôt que de décroître, ces déchets dont on ne se soucie
plus ne font que s’accumuler… cachés, enterrés, traités, incinérés, et
maintenant exportés à l’autre bout du monde par les flux insensés de la
mondialisation, les déchets échappent à la perception des citoyens qui
continuent de consommer et jeter en toute inconscience !
Mais quand bien même souhaiterait-on s’emparer de la
question, l’incroyable complexification des systèmes de production et de
traitement condamne vite à l’impuissance… comment échapper aux emballages,
s’assurer qu’un produit est durable, que l’empreinte carbone est raisonnable,
que telle matière est bien recyclable, que ce recyclage ne sera pas fait dans
un pays poubelle du tiers-monde afin d’assurer la compétitivité d’une
entreprise… Invisibilité et complexité nous tétanisent ! Comment faire lorsqu’on
est incertain des effets dont on ignore les causes ?
On ne connaît que trop l’hypocrisie de l’éco-geste
lorsqu’il n’épouse pas une remise en question globale… on nous martèle qu’il
faut manger cinq fruits et légumes par jour alors même que nous vivons dans une
industrie agro-alimentaire productiviste ! Il serait impératif de fermer
le robinet en se brossant les dents alors que pullulent les injonctions à
acheter des jeans bas de gamme dont la conception requiert 11 000 litres d’eau
l’unité ! Il serait très responsable de mettre en veille voire débrancher
ses appareils la nuit, mais l’on encourage une société ultra-connectée par
l’intermédiation de smartphones et d’écrans plats bourrés de terres rares !
Non pas que le citoyen ne puisse pas être un acteur à son échelle et remettre en
question son mode de vie et de consommation, mais tout changement véritable ne
saurait advenir sans impliquer des transformations profondes dans la société
dans son ensemble…
"Fermez le
couvercle, et n'y pensez plus !". Cette formule, attribuée bien à tort au
préfet Poubelle, résume à merveille notre rapport au déchet. N’y pensez plus,
car la puissance publique se chargera du problème à votre place. Et ce faisant,
à défaut de ne plus exister, le problème sera devenu invisible... Il prendra sa
place dans la longue file des abstractions que sécrète notre société !
Éric.L
Source d’inspiration : dernier
hors-série de Socialter
Posté par le p'tit rapporteur du Magarin
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