" En parcourant les villages et hameaux de nos campagnes, il n'est pas rare de découvrir au détour d’un chemin un petit patrimoine attachant parfois vieux de plusieurs siècles. Des réalisations érigées par les générations passées à travers nos campagnes dignes d'intérêt. Le patrimoine rural est une richesse culturelle, historique et touristique pour les campagnes qu'ils parsèment."
Un élément du patrimoine très commun, et bien souvent les
passants que nous sommes, n'y jetons habituellement qu'un coup d'œil rapide. Chaque commune en possède, et à première vue ils se ressemble tous. Malheureusement certains d'entre eux, depuis leur abandon, demeurent enfouis sous les broussailles. Et pourtant, témoin de notre passé, ce patrimoine fragile mérite d'être conservé !
Nous sommes souvent attirés par une église, un manoir ou
un château, rarement par un lavoir, même si celui-ci a été restauré avec soin, réhabilité
par les employés communaux ou par une équipe de bénévoles. Aurions-nous établi
une hiérarchie entre les éléments de notre patrimoine ? Pourtant ces témoins du
passé oublié furent particulièrement importants dans la vie quotidienne de nos
ancêtres !
La plupart des lavoirs datent du XIXe siècle. Avant le lavage se faisait dans les mares, les
étangs ou sur le bord des ruisseaux ou rivières. Bien sur ils en
existaient bien avant cela, mais c’étaient des lavoirs privés, que les
propriétaires mettaient parfois à la disposition des habitantes, mais peu de
lavoirs publics. Par une loi du 3 février 1851, l'Etat décida de prendre à sa
charge jusqu'à 30% des frais de construction des lavoirs communaux. Ce fut
l'élément déclencheur d'une vague de constructions qui toucha toutes les
communes de France. En dehors des impératifs d'hygiène et de salubrité, le
lavoir avait l'avantage de réunir deux fonctions indispensables: l'une
pratique, l'autre sociale.
Très utilisé par les lavandières, plusieurs fois par
semaine, un défilé de brouettes lourdement chargées, plus ou moins stable, avec
de périlleux trajets, surtout avant qu’une catastrophe n'arrive… A ce sujet,
il me revient en mémoire des expressions que seuls les "jeunes" de
ce temps ont pu entendre: " Ça
branle ! Tin bon la ridelle Marie, la bérouett va d’guingois !" Le travail était
pénible pour ces femmes, agenouillées, elles frottaient, tapaient et rinçaient
le linge pendant plusieurs heures dans de l’eau froide. Mais Les conversations et
potins allaient bon train durant le labeur, et les nouvelles étaient colportées
comme il se doit ! Les lavandières faisaient et défaisaient les
mariages, les amourettes, les naissances, colportant joyeusement ragots et
nouvelles. Il faut dire aussi qu’a l’époque, il n'y avait pas encore de
télévision ni de téléphone. Faire la conversation au lavoir était bien souvent
le seul lien social de la semaine. Car les autres jours, les travaux ménagers
et autres réservés aux femmes ne manquaient pas, et les robots ménagers
n'avaient pas encore facilité le travail... Et puis, l'utilisation des lavoirs
a été progressivement abandonnée au XXe siècle. Le lavoir a laissé la place à
la machine à laver, bien plus pratique à partir de 1950.
Sur notre commune, nous avons encore la chance d’en avoir
deux en très bon état. Tous les deux sont du XIXe siècle et ont été restauré il
n’y a pas si longtemps (quelques dizaines d’années).
Le premier : Situé au cœur du village a proximité de
l’église, c'est un lavoir de type "au fil de l’eau", le long du ruisseau. Il est construit sur une
base de plan rectangulaire, et se compose d’un bâtiment à deux pans de toiture,
couvert de tuiles, avec une charpente en chêne servant d’abri accolé à un bassin.
Il est situé en contrebas d’un pont en pierre. Ce lavoir est Inscrit à
l’inventaire du patrimoine départemental.
Le deuxième : Il est lui aussi de forme
rectangulaire, et totalement couvert par un toit à quatre pentes couvert de tuiles,
soutenu par des piliers et une charpente en chêne. La cuve est enterrée et
entourée de dalles en grès inclinées, sur laquelle était lavé le linge
autrefois. Le lavoir ce situe proche du cours d’eau, mais il est alimenté par
une source ayant un débit permanent.
De nos jours qui se souvient des lavandières ? Désormais
dans les lavoirs désertés, il n'y a plus que le bruit de l'eau. Elle chantonne sans
plus jamais être accompagnée de voix, de rires et de regards, elle court
limpide, n'emportant plus de traînées
savonneuses. Alors si vous passez par là, arrêtez-vous quelques instants, et
laissez vous porter par le charme de l’endroit ! Mais sans oublier qu’il
eu un temps, ces lieux étaient plein de vie. Ils sont les témoins des grands et
petits moments de notre village, les lavoirs évoquent le souvenir d'une époque
révolue et rappellent le dur labeur de nos aïeules !
"Le patrimoine
est une valeur d’une grande richesse qui caractérise un terroir, une époque, un
savoir-faire ou un événement, transmis de génération en génération !"
Éric.L
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