mercredi 7 décembre 2016

l'écotaxe… Les dessous et la note salée d'un abandon définitif !

On ne devrait bientôt plus voir un seul des fameux portiques destinés à percevoir l'écotaxe, qui avaient mis le feu à la Bretagne, de 2013 à 2014, et dont certains surplombent encore les routes de l'Hexagone. Les députés ont fait disparaître l'écotaxe par un amendement. Le point sur un fiasco monumental !

L'information qui met un point final au long feuilleton emblématique des renoncements du gouvernement et des dossiers noirs écologiques de ce quinquennat, est passée quasiment inaperçue. Discrètement voté dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 novembre, à l'Assemblée nationale, un amendement socialiste au projet de loi de finances 2017, soutenu par le gouvernement, a supprimé définitivement l'existence législative de la taxation des poids lourds. Loin de mettre fin à la fiscalité écologique, ce revirement politique dont l'Etat n'a pas fini de payer l'addition, devrait entre autres, augmenter la facture énergétique des citoyens !

Que prévoyait l'écotaxe…

Si vous avez raté le début d'une affaire qui aura duré plus de quinze  ans, sachez que l'écotaxe poids lourds était la déclinaison de la directive européenne "Eurovignettes" de 1999, destinée à externaliser et réduire les impacts environnementaux du transport routier,  tout en favorisant, notamment, le développement du fret ferroviaire, en abondant l'Agence de financement des infrastructures de transport (AFITF) à hauteur de 450 millions d'euros par an. François Fillon, Premier ministre de Nicolas Sarkozy, l'avait reprise en 2007 dans l'un des 237 engagements du Grenelle de l'Environnement. Votée en 2009 à l'unanimité par la gauche et la droite, l'écotaxe prévoyait de taxer les poids lourds de plus de 3,5 tonnes empruntant les 15 000 km d'autoroutes gratuites et de routes nationales. Elle était censée s'appliquer dès 2011, puis à l'été 2012, avant d'être encore repoussée sous le quinquennat de François Hollande, au 1er juillet 2013 d'abord, puis au 1er octobre, puis enfin, au 1er janvier 2014.

L'effet "bonnets rouges"…

C'était sans compter sur la forte mobilisation des  transporteurs routiers. Alors que les portiques écotaxe étaient déjà installés par la société franco-italienne Ecomouv' partout en France, la colère contre cet impôt enfle durant l'été 2013 : portiques incendiés et sabotés, multiplication des manifestations… En octobre 2014, l 'écotaxe était suspendue "sine die" par l'exécutif face à la fronde, avant d'être remplacée par un péage de transit poids lourds, idée à son tour abandonnée avant même d'être mise en oeuvre.

Nombre de portiques à démonter …

En avril 2015, il en restait 160 à démonter en 24 mois. Sans compter les 986 panneaux de signalisation, les 718 000 boîtiers GPS embarqués dans les poids lourds français et étrangers, les caméras placées sur les portiques, les armoires, balises, panneaux de signalisation et le centre informatique mais aussi "la dépose et le transport du centre informatique" (770 serveurs et un "environnement téléphonique ad hoc"), situé à Metz.
L'avis de marché précisait qu'en plus du stockage et de la destruction d'une partie du matériel, l'entreprise retenue devrait remettre en état les sites. Le montant de quelque 12 000 euros par portique serait alors à majorer par ces coûts de réfection du terrain ainsi que par les frais de destruction. Le flou règne toutefois sur le démontage des portiques qui, devant être effectué à la demande des élus locaux, n'est pas encore terminé. L'Alsace notamment, voulait conserver ses six portiques et s'appuyer pour la facturation sur le système allemand Toll Collect, marginalement détenu par le français Cofiroute (Vinci), pour taxer les 1 500 poids lourds étranger qui sillonnent tous les jours ses routes depuis 2015, pour éviter la taxe côté allemand.

Combien aura coûté à l'Etat ce revirement …

Le coût financier de l'abandon de l'écotaxe, si l'on ne connaît pas encore son montant définitif, est Pharamineux ! Il avait été dévoilé le 21 février 2015, lors du conseil d'administration de l'AFITF, pour un montant de 969 millions d'euros ! L'AFITF avait validé le montage financier qui permettait à l'État de rembourser ce montant à la société Écomouv', chargée de mettre en place la taxe. L'Etat avait en effet versé à Ecomouv', le 2 mars 2015, les 403 millions d'euros de montant correspondant aux indemnités prévues par le protocole d'accord trouvé entre les deux parties. La France doit aussi s'acquitter auprès des banques de la créance d'Ecomouv', dont les 200 salariés ont été licenciés, soit près de 400 millions d'euros, une dette échelonnée jusqu'en 2024. Écomouv', ainsi que les sociétés de péages habilitées au prélèvement de la taxe, avaient perçu 529,4 millions d'euros dès 2015. Pour compenser cette dépense, l'AFITF a  notamment dû réduire ses crédits pour les chantiers LGV Tours-Bordeaux et Paris-Strasbourg. 1,6 million d'euros supplémentaires seront encore nécessaires pour le démontage des portiques qui surplombent encore de nombreuses routes de l'Hexagone.
Pire, selon un rapport du député PS Olivier Faure, cité par "Le Parisien" le 6 juillet dernier, "les coûts de sortie du contrat pourraient dépasser le 1,2 milliard d'euros". Soit un dépassement de 50 % du coût initial, en raison de contentieux juridiques avec des sociétés de télépéage. Ces dernières ont demandé à être remboursées et face au refus du gouvernement, elles ont déposé un recours auprès du tribunal administratif, réclamant près de 300 millions d'euros d'indemnités. Quant aux multiples lasers, caméras et récepteurs radio, en état neuf et qui n'ont jamais servi, Alain Vidalies espérait bien les revendre pour 50 millions d'euros.  Une goutte d'eau pour compenser la gabegie...

Impact de l'abandon de l'écotaxe sur la fiscalité écologique….

La fin de l'écotaxe n'est pas la fin de la fiscalité écologique, bien au contraire ! La "taxe carbone", dont l'augmentation est programmée sur les années à venir. Selon une étude du ministère de l'Environnement, cette taxe devrait déjà augmenter la facture énergétique des ménages de 83 euros en moyenne en 2016. La Cour des comptes, dans un rapport publié le 8 novembre dernier dresse un bilan sévère de l'efficience des dépenses fiscales relatives au développement durable, selon elle "mal suivies et mal évaluées", dénonçant une incohérence d'ensemble qui aboutit à cette aberration… "Les dépenses fiscales défavorables au développement durable occupent un poids croissant, désormais supérieur à celui des dépenses favorables à l'environnement"... Cherchez l’erreur !

"La fin de l'écotaxe n'est pas la fin de la fiscalité écologique, bien au contraire ! La France reste en retard en ce domaine sur ses voisins européens... Avec seulement 4,5 % de ses prélèvements liés à l'environnement, elle est loin de la moyenne de l'Union européenne qui est de (6,3 %) !"

Éric.L
Source d’inspiration : World Wide Web…

Posté par le p'tit Rapporteur du Magarin


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