dimanche 13 décembre 2015

COP21 : Le monde a-t-il écrit une nouvelle page de son histoire ?

L'emballement du mercure menace la production agricole, les ressources marines, les réserves en eau de nombreuses régions. Quant à la montée des océans, elle met en danger des Etats insulaires, comme les îles Kiribati, et des communautés côtières, au Bangladesh par exemple. Ce pacte, qui entrera en vigueur en 2020, doit permettre de réorienter l'économie mondiale vers un modèle à bas carbone. Une telle révolution implique un abandon progressif des ressources fossiles (charbon, pétrole, gaz), qui dominent largement la production énergétique mondiale, un essor des énergies renouvelables, des économies d'énergies ou encore une protection accrue des forêts. Il n'est pas simple de répondre de manière binaire à la question qui est sur toutes les lèvres depuis ce samedi 12 décembre : ben alors, réussite ou échec, la COP21 ? Une chose est certaine, si elle était un fiasco comme celle de Copenhague en 2009, il serait bien facile de la qualifier ! A l'évidence, ce n'est pas le cas. Un certain nombre d'éléments importants ont certes été oubliés, et c'est plus que regrettable, mais les avancées sont incontestables. 
L’objectif de 1,5 °C :
Le préambule à l’accord souligne, pour la première fois dans l’histoire des COP, l’objectif à plus long terme de "limiter la hausse des températures à 1,5 °C", même si le but premier est de rester sous les 2 °C. Cette inclusion est la grande surprise de la COP21, et cela peut être vu comme "la victoire morale des pays les plus vulnérable". Le problème est que le reste du texte n’est pas conforme à l’objectif d’une hausse maximum de 1,5 °C. Il n’y a pas suffisamment d’engagements à court terme pour y parvenir. Il n'y a ainsi rien sur la décarbonisation ou le développement des énergies renouvelables.
Le volet financier :
Ceux qui parlent de victoire au sujet de cet accord devraient lire plus en détail la partie concernant la finance. Le texte se contente de prévoir une éventuelle hausse des montants versés aux pays pauvres, faisant des 100 milliards, promis, un simple "plancher". Les pays riches pourront relever ce "plancher", mais ils n’y sont pas obligés.
Le retour des droits de l’Homme :
Le texte final fait référence aux "obligations en terme de protection des droits de l’Homme" dans son préambule. C’est une victoire car, ce rappel avait disparu dans la version précédente de l’accord. Cela donne une "certaine base juridique" pour défendre les droits de ceux qui ont été victimes d’abus dans des conflits environnementaux, comme lors de la déforestation illégale. On peut regretter cependant que les droits de l’Homme soient cantonnés au préambule. Si la référence était présente dans l’accord lui-même, il y aurait une obligation légale plus forte d’en tenir compte.
L’adaptation :
Il s’agit de l’aide apportée par les États "riches" aux pays les plus touchés par les changements climatiques pour y faire face. Un article entier est consacré aux obligations des pays développés. Elles sont, d’abord, d’ordre financier. L’accord souligne en effet qu'une partie du fonds vert (les 100 milliards de dollars par an à partir de 2020) doit être consacrée à cette question. Mais la formulation est décevante : les pays les plus pauvres voulaient que 50 % de l’argent soit alloué à l’adaptation et 50 % aux efforts de réduction des émissions. Les pays développés ont obtenu qu’aucun objectif chiffré ne soit écrit noir sur blanc. Un flou qui a fait dire à plusieurs ONG que la voix des plus pauvres n’a pas été réellement entendue. Il est aussi question des transferts de technologie pour mieux lutter contre les conséquences du réchauffement climatique. Un article entier organise un mécanisme permettant aux pays développés de faire bénéficier aux plus démunis des innovations technologiques.
La révision des engagements :
Les promesses de réduction des émissions faites par les parties prenantes à l’accord avant le début de la COP21 ne suffisent pas à rester sous la barre d’une hausse de 2 °C des températures en 2100. Il fallait donc prévoir un mécanisme pour y remédier. Le texte met en place un système de révision périodique des engagements (tous les cinq ans). C’est une bonne chose, car certains pays ne voulaient pas en entendre parler, comme les puissances pétrolières. Mais les premières révisions obligatoires à la hausse des engagements n’ont pas à être faites avant 2024. "C’est trop tard", assure la Fondation Hulot qui, comme d’autres ONG et pays "pauvres", veut que le processus de révision débute en 2018. Attendre 2024, d’après eux, condamne la planète à dépasser une hausse de 1,5 °C des températures.
Les pertes et dommages :
Il s’agit de reconnaître que la pollution causée par les pays développés a eu des répercussions irréversibles sur certains territoires. Cela peut donner la reconnaissance internationale du statut de réfugié climatique par exemple. C’est une bonne chose en apparence, mais le texte lui-même est plutôt décevant sur ce point.L’article qui traite de cette question exclut, en effet, de pouvoir engager la responsabilité d’un État pollueur et de lui réclamer réparation. Les États-Unis n’en voulait absolument pas et il est difficile de se battre contre eux.
Plus de transparence :
Les Etats s’engagent à faire un point tous les deux ans sur les progrès réalisés pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. C'est une manière de faire pression sur les pays qui n'apparaissaient pas dans le texte.

"Le texte, bien qu’imparfait, établit un consensus entre les parties sur la plupart des thèmes soulevés avant le début des négociations. Reste un dernier problème : il ne rentrera en vigueur que si 50 pays le ratifient. Le vrai test pour l’accord de Paris débute donc au printemps 2016, lorsque le processus de ratification par les parlements nationaux va débuter. Alors, mi-chèvre mi-chou, la conférence climatique de Paris ? Il est vrai que beaucoup a été accompli, mais beaucoup reste à faire. Et cela sera pour les discussions à venir, aux COP22, 23, 24... Nous devons travailler pour un monde que nous ne verrons pas !"

Éric.L 

Posté par le P'tit Rapporteur du Magarin

Aucun commentaire: