vendredi 16 octobre 2015

Le syndrome de l’Île de Ré... Une île de millionnaires sans le sou !

La mauvaise fortune s'est abattue sur l'île de Ré. En théorie, nombre de paysans propriétaires de terrains sont assujettis à l’ISF qu’ils peinent à payer et ce, depuis l'exponentielle montée du prix du mètre carré sur l'île. En pratique, ces mêmes paysans n'ont plus un sou depuis qu'ils consacrent leurs économies à payer l'impôt sur la fortune. Cruel paradoxe pour ces nouveaux riches fauchés, dont la plupart ne payent même pas l'impôt sur le revenu ! Conséquence d'une loi «insensée, qui marche sur la tête, qu'il faut d'urgence supprimer ou changer», selon l'Adhir (Association de défense des habitants de l'île de Ré).
L'île charentaise est la plus chère de France métropolitaine, Une performance qui s'explique par la frénésie immobilière depuis la construction du pont qui relie l'île au continent. C'est en fait depuis 1988 et la construction du pont reliant au continent l'île, que les prix de l'immobilier ont grimpé en flèche. Une vague de continentaux souhaitant s'assurer des vacances "entre soi" et une "agréable retraite" ont alors pu investir plus facilement les lieux, au détriment des ménages insulaires historiques. Cette nouvelle attractivité a entrainé une spéculation immobilière galopante. Le prix du foncier sur l'île y a ainsi été multiplié par 20 depuis le milieu des années 1980. Désormais, pour environ 8000 résidences permanentes, l'île de Ré compte près de 14 000 résidences secondaires. La population se multipliant par plus de 8 entre l'hiver et l'été.
Mais aucun de ces paysans, assis sur leurs cagnottes, ne compte vendre et déménager. Aucun ne veut quitter cette terre sur laquelle leurs familles sont parfois installées depuis le XVe siècle. Personne ici ne songe à l'évasion fiscale, à investir l'argent de sa maison dans des antiquités ou des toiles de façon à échapper à l'ISF. Ces Rétais n'ont jamais réalisé qu'ils étaient riches et n'ont pas cette culture du calcul qu'ont de vrais fortunés, bien conseillés, qui échappent à cet impôt. Par ailleurs, beaucoup de personnes de l'île ne savent pas qu'elles sont redevables de l'ISF et doivent, lorsqu'elles le découvrent, acquitter de lourdes pénalités de retard. C'est un impôt déclaratif, et bien souvent les gens l'ignorent. Ils sont rattrapés par les services fiscaux à l'occasion d'une succession, après la mort d’un des deux conjoints  ou d'une mise à jour du cadastre. Et là, ça peut faire très mal. Une autre conséquence de la pression foncière sur l'île de Ré, c'est que beaucoup d'héritiers sont obligés de vendre pour payer les droits de succession. Les propriétés sont alors morcelées, voire disparaissent d'un patrimoine familial. Mais l’Île de Ré n’est pas la seule dans ce cas en France. Il y a également des agriculteurs dans le même cas en Ardèche, en Dordogne, dans le sud de la France ou encore des retraités à Paris qui ne peuvent supporter la pression foncière.

"Avec l'envolée des prix de l'immobilier, certains habitants sont devenus des "riches malgré eux", contraints de payer l'ISF pour quelques hectares de vignes et de champs. Bientôt, sur l’Île de Ré, il y aura une réserve de Rétais comme il y a une réserve d'oiseaux migrateurs ! Et dans l'opinion nationale, l'ISF semble ainsi absurde parce qu'il touche des gens qui gagnent peu. Mais toute la fiscalité sur le patrimoine contribue à redistribuer les richesses et à réduire les inégalités, ce qui est  aussi rappelons-le, l'un des rôles de cet impôt."

Éric.L 


Posté par le P'tit Rapporteur du Magarin

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